Lumières sur la nuit : des étoiles brillant dans le ciel nu, des néons signalant au loin le prochain bar, le phare de l’Indian moteur vrombissant et soulevant la poussière du désert. Le blouson de cuir, et accrochée à mon ventre de buveur de bière, la belle Big Jane et ses longues jambes caramélisées qui chevauchent admirablement mon engin.
« Des rubans de lumière enveloppaient Billy et Big Jane. Sur l'Indian, ils filaient sous le Lincoln Tunnel dans un bruit de tonnerre, franchissant les autoroutes de l'Est, explosion de vitesse, pneu neuf, hamburger et root-beer float dans un A&W d'une ville inconnue. Ils survolaient des océans de terre. En chemin, le jour se muait en nuit, puis revenait au jour. Ils longeaient les rives escarpées du Missouri au-dessus de Pierre, South Dakota, où la ville rejoint la rivière Cheyenne, traversant le vieux Cheyenne River Bridge de l'autre côté duquel il n'y a plus la moindre clôture. La plaine était immense, éblouissante, le ciel en forme de dôme incroyablement vaste : c'était le début de l'Ouest, le vrai. »
Sur la route de Kerouac, mais en version gros cube, dévalant l’asphalte d’Est en Ouest, du Nord au Sud, traversant les états vides, seuls sur leur moto, Billy et Big Jane. Comme deux copains, ils s’arrêtent boire des bières, et Billy à défaut d’être reconnu, sort de temps en temps sa guitare et son cahier à chansons où ils griffonnent quelques mélodies d’amour et de tristesse. Si vous sillonnez les honky-tonks du coin, nul doute que son nom sera reconnu de quelques piliers de comptoirs… Deux âmes libres et fragiles.